Bleuh, le blog girly de Moon fait actuellement le tour du petit monde des passionnés de BD en ligne. L’auteur a décidé, à travers un format aujourd’hui bien connu de tous (le blog BD) de repousser les frontières du récit sur support numérique :

L’autre étant qu’actuellement, je ne suis absolument pas satisfait de l’offre numérique française. Donc avant de changer la BD numérique, il faudra déjà créer de la BD numérique simple d’accès et inédite ou exploitant intelligemment le support. Paf !

Personnellement, j’aimerais un jour arriver à proposer un contenu exploitant totalement le support numérique.

Et puis, on oppose parfois BD papier et BD numérique. Pourquoi ne pas simplement proposer des choses différentes et se délecter de la pertinence des deux supports ?

Extrait d’une interview parue sur le blog « Phylactères » de Christopher Bihoreau

Note après note, Moon fait ses gammes : son, interactivité, persistance rétinienne (mais pas à proprement parler d’animation). Chaque nouvelle parution invite le lecteur à découvrir un nouveau clin d’oeil. L’exercice est périlleux car le lecteur comme l’auteur sont devant un objet neuf, un langage qu’ils maîtrisent encore mal. Il faut bien souvent accepter une ergonomie encore hésitante. Il n’est pas rare de tâtonner pour trouver l’action attendue afin de découvrir la « chute » inévitable. Lucide, Moon va jusqu’à jouer avec nos hésitations. Dans le strip de l’ascenceur paru mercredi, il intègre de faux commentaires au sein même de sa planche, afin d’expliquer quoi faire tout en composant un décors à la chute de son personnage.

Reste à savoir de quelle manière ces petites expériences ludiques peuvent servir un récit dont elles ne seraient pas l’objet. Jusqu’à présent les effets abordés par Moon ont toujours été considérés comme des gadgets lorsqu’ils ont été appliqués à des récits hors du champ expérimental. Il est amusant de mettre ces observations en perspective avec la lecture des précurseurs de la bande dessinée moderne. Töppfer, Outcault ou Mc Cay se sont tous livrés à des expériences sur le nouveau medium qu’ils étaient en train d’inventer. Certaines ont débouché sur des codes parfaitement intégrés au langage de la bande dessinée, et d’autres ne valent que dans le contexte de ces précurseurs.