Les résultats d’une étude IPSOS sur les publics du livre numérique sont parus. Au moment où l’iPad déferle sur nos contrées, les Français ne semblent pas encore prêts à troquer leurs livres contre des liseuses numériques. Pourtant deux pistes se dessinent pour parvenir à les séduire. Quant à la bande dessinée, elle est marginalisée et aura d’autant plus d’efforts à fournir pour exister dans le paysage des loisirs numérique.

64% des Français ne se sentent pas intéressé par le livre numérique… Je passe sur les tartes à la crême habituelles qui caracolent en tête des raisons de ne pas lire sur support numérique : les Français sont attachés à l’objet-livre et pensent qu’il est fatigant de lire sur écran. Ces deux rengaines n’ont selon moi plus beaucoup d’avenir avec la déferlante des tablettes et autres liseuses électroniques. La troisième raison invoquée est bien plus éclairante.

Que ce soit pour le public actuel (5% de la population) ou le public potentiel des livres numériques, ceux qui ne se sentent pas intéressés invoquent en troisième lieu « Le fait de ne pas être réellement propriétaire des livres que l’on achète sur certains sites ».

Adoptons l’hypothèse que les nouveaux terminaux peuvent se démocratiser et surmonter les vieilles réticences. Pour convaincre le réfractaires, il faudrait alors :

  • soit vendre des livres numériques sans DRM ;
  • soit assumer le fait que l’on ne vend qu’un accès et privilégier des offres d’abonnement.

Et la bande dessinée ?

L’étude IPSOS nous apprend que :

  • Le juste prix d’un album de bande dessinée transposé au format numérique : 6,70€.
  • La bande dessinée n’atteint que la 9e position du top 3 des genres que les français aimeraient lire en format numérique.

A mon sens, cela bat en brèche toutes les stratégies actuelles de vente de BD numérique au détail. Malgré un prix inférieur au prix attendu, les ventes ne décollent pas. Plus que le livre classique, la bande dessinée numérisée souffre de l’aura du livre-objet et de la perte du confort de lecture. Or les offres actuelles ne permettent pas d’être pleinement propriétaire de son achat, sans pour autant proposer d’abonnement attractif. Pas étonnant que les Français ne nourrissent pas d’attente particulière pour lire des BD sur support numérique.

On pourrait s’en satisfaire, si les loisirs numériques dans leur ensemble ne grignotaient pas petit à petit les parts des autres loisirs. La bande dessinée ne peut pas se permettre de négliger le support numérique. Voilà pourquoi il est primordial :

  • de formuler des offres de BD numérisée sur abonnement à moindre coût, pour conserver (voire élargir) le lectorat des livres ;
  • d’encourager la création d’oeuvres numériques originales qui affranchissent la BD numérique de l’assimilation au livre numérique – manifestement peu prometteuse.