Jusque avril 2024, j’ai présidé Profluens, une startup issue de mes recherches. De cette expérience, je retiens 2 ou 3 choses que j’ai partagées avec les personnes qui testaient la plateforme Needle.social et que je reprends ici.

L’idée de Needle a germé fin 2015

  • 6 mois avant que n’éclate le scandale Cambridge Analytica,
  • 2 ans avant que Donald Trump ne popularise l’expression de « fake news ».

Déjà, j’étais préoccupé par l’évolution de notre environnement médiatique face à la montée en puissance des réseaux sociaux. C’est pourquoi j’ai imaginé une autre manière de partager et de faire circuler des informations et des contenus. Autant dire qu’il n’y avait ni débouché économique, ni même de demande sociétale pour cette invention qui fait le pari de ne pas capter notre attention.

Un Carnet réunit tous les grands temps fort de cette aventure.

Que retenir des 12 derniers mois ? Pour moi, créer une entreprise n’a jamais été une fin. Avec le temps, je me suis tourné vers ce véhicule économique faute d’autre option pour faire sortir mon invention du labo.

Ce que je sais aujourd’hui

Mon invention n’avait pas atteint une maturité suffisante lorsque nous avons créé Profluens en mars 2023. Créer une entreprise était pourtant la seule piste disponible pour poursuivre les développements initiés avec les moyens du bord au Centre de recherche sur les médiations. En effet, comme la plupart des laboratoires de sciences humaines et sociales, mon unité de recherche ne dispose pas de postes pérennes en ingénierie logicielle.

Needle représente un défi technique sous son apparente simplicité. Il ne s’agit pas seulement d’assembler des briques existantes pour bricoler une expérience utilisateur différente. Il s’agit de développer une technologie selon un paradigme tout à fait différent de celui qui préside aux plateformes qui dominent nos pratiques médiatiques contemporaines.

La réussite de Needle dépend de la poursuite patiente et sincère de nos efforts pour susciter la découverte des contenus qui le méritent. Je reste convaincu que la réponse aux grands défis collectifs (environnement, santé, éducation, démocratie…) réside dans notre capacité à imaginer des réponses aussi riches et variées que les informations, les créations et les idées qui nous rassemblent.

Il est indispensable d’associer les bénéficiaires de Needle aux décisions qui les concernent. En effet, tout repose sur la dissémination d’un service gratuit digne de confiance. C’est un vaste chantier qui reste à entreprendre et qui ne doit pas reposer sur les seule épaules d’une entreprise privée quelle qu’elle soit.

Et maintenant ?

Needle est en passe de surmonter d’importants retards de développements hérités de la dernière version réalisée dans le cadre académique : celle-ci ne répondait pas aux exigences d’une mise en production publique. Depuis bientôt 1 an, Profluens redéveloppe l’ensemble du logiciel.

Afin de préserver les finances de Profluens, je suis revenu à mes fonctions d’enseignant-chercheur à l’Université de Lorraine. Toujours concentré sur les développements informatiques, c’est Antoine Oberlaender qui a pris le flambeau en tant que Président. Dans le cadre d’une autorisation de concours scientifique, je continue d’apporter mes conseils à Profluens quant à l’évolution de Needle et aux enjeux info-communicationnels qu’implique le projet.

Nous maintenons l’instance publique et gratuite Needle.social. A termes, lorsque Needle pourra réunir une multitude d’instances au sein d’une architecture fédérée, nous souhaitons publier le logiciel serveur de Needle sous licence open source. Il est également primordial à nos yeux qu’aucune méfiance n’entrave l’appropriation de Needle dans l’intérêt collectif, c’est pourquoi nous souhaitons que le projet prenne une forme qui s’inscrive dans les valeurs de l’économie sociale et solidaire. Reste à trouver les compétences et les partenaires pour y parvenir.