Echanges avec Xavier Malbreil
Mekamemories est l’oeuvre d’e-troubadour marco pour les textes et l’interface interactive et de Sylvain Dousset pour les illustrations. Le livre et le cd-rom s’efforcent de donner à percevoir les dernières miettes de l’existence d’Ophélie, une cyborg du XXIVème siècle qui a subitement du partager son « gost » avec samedi, une intelligence artificielle un peu dérangée.
L’oeuvre peut-être commandée auprès du Studio du Futur sur le site Internet de Mekamemories.
Xavier Malbreil le 30/09/2004 à 10:13
un rapide compte-rendu de la dernière production des Studios du Futur, Mekamemories, sous la responsabilité de Marco E-troubadour. De quoi s’agit-il? Comme pour BPM Odyssée (www.bpmodyssee.com), l’oeuvre est multimédia, c’est à dire qu’elle se compose d’un livre accompagné d’un CD-Rom. Comme le précédent opus, un site accompagne l’oeuvre et joue la complémentarité : www.mekamemories.com Mais la comparaison s’arrête là : le CD de Bpmodyssée était uniquement sonore, tandis que celui de Melamemories contient à la fois des illustrations sous forme d’anims et du son (15 morceaux différents). De quoi ça parle? Dans un univers futuriste (24° siècle), des mutations sont intervenues dans l’espèce humaine. Le récit qui en découle, je vous laisse le découvrir tout seul. Disons qu’il pourrait être considéré comme étant à la croisée des classiques cyber-punk, style « Neuromancien », et du style gothique-metal, sans oublier un soupçon de romantisme et de new age, avec la présence de Gaïa, terre-vivante, dont les uns-dans-l’autre ont (les heureux hommes) la conscience innée. Si moi je n’ai pas encore tout lu, je peux vous dire que ma fille aînée (16 ans) l’a dévoré en un tour de main et qu’elle a adoré. Tout de suite, elle a pris ses crayons et a dessiné dans le style de Sylvain Dousset, l’auteur graphique de l’oeuvre. L’album donc, qui accompagne le CD, à moins que ce ne soit l’inverse, est tout simplement fabuleux dans sa réalisation : les dessins de Sylvain Dousset, qui pourraient faire penser à du Druillet remixé Matrix sont toujours accompagnés de leurs esquisses, ce qui donne sa signature graphique à l’oeuvre. Tout à la fois pleinement achevé par sa belle réalisation technique, sa mise en couleur, etc… et louchant constamment vers son making-off, du fait de la présence de ces esquisses, l’album semble flotter entre plusieurs mondes, plusieurs époques, ce qui est parfaitement en accord avec le propos. On notera enfin, sur le CD-Rom, la qualité de la bande-son (bien plus qu’une bande son!!!), notamment pour tous ceux qui aiment le genre musical Metal. Que dire de plus, si ce n’est que le second opus des Studios du Futur joue pleinement de tous les supports possibles à ce jour : (album texte + dessin) + (CD-Rom animations + Musique) + (site « all media »). L’intégration parfaitement réussie de ces différents supports fait l’originalité du projet. Quand on connaît Marco, le chemin parcouru pour arriver à ce résultat, on ne peut que dire : Respect! Quand on ne le connaît pas, eh bien on prend l’album, on écoute le CD, et on se laisse guider par le cheminement de l’oeuvre – il faudrait d’ailleurs revenir sur cette lecture simultanée d’un album et d’un écran, et sur l’audition de la bande-son, qui demande une certaine maîtrise et propose des choix de lecture intéressants…
JiF le 30/09/2004 à 10:56
Je profite de ton compte rendu pour rebondir avec mes propres impressions.
Lorsque j’ai reçu l’objet, j’ai d’abord été admiratif de sa qualité, c’est bête à dire mais lorsqu’on est étudiant et qu’on envoit une chèque pour recevoir un mystérieux cd-rom accompagné d’un non-moins mystérieux bouquin, on a plutôt content de découvrir que malgré les difficultés de l’autoédition on en a pour son argent.
Je n’ai pas encore lu tout l’ouvrage, ni visionné l’ensemble du cd-rom(un vilain bug dans le gost d’Ophélie m’en a empêché). Mais c’est en bonne voie. Puisque cette oeuvre est bicéphale, je ne peux m’empêcher de comparer les deux.
De commun, on retrouve un univers SF violent et trash, on sent que les auteurs sont sous influence mais qu’ils savent en tirer le meilleur au lieu de se laisser dévorer. L’ambiance me fait l’effet (différent mais similaire) d’Akira lorsque je l’ai découvert à l’âge de la fille ainée de Xavier, je ne suis pas étonné qu’elle accroche autant, et je pense que le public ado en général devrait adorer. D’un point de vue purement commercial, je souhaite aux auteurs de trouver les diffuseurs pour que leur oeuvre puisse toucher ce public.
Pour ma part je préfère la lecture du bouquin. Le construction du cd-rom m’a parue trop transparente pour être étonnante: on clique une TV au hasard, on lit le petit texte, on débloque quelques liens oranges, on regarde la vidéo et on revient au menu pour réitérer l’opération. Je dois replonger dans le gost d’Ophélie avant de conclure, mais pour l’instant celui ci ne m’a pas paru aussi chaotique que j’aurais pu l’attendre.
Ma seule déception vient a priori de cette inadéquation entre l’idée qu’on peut se faire d’un « gost » schizophrène: quelquechose de très vaste, très segmenté, comparable au surf sur Internet en plus chaotique. Et le résultat final un peu trop sage, en dehors de son esthétique qui l’est beaucoup moins. D’où ma préférence pour le livre, car un livre est quelquechose de très sage, mon désarrois est moins grand sur la forme et je peux profiter pleinement des textes et des images. Concernant le cd-rom, j’ai au contraire l’impression d’être contraint à des manipulations superflues pour découvrir les éléments. J’aurais aimé retrouver le plaisir d’exploration d’un _In Memoriam_ (le jeu vidéo de Éric Viennot paru chez Ubi Soft), mais l’interface tiendrait presque d’un lecteur vidéo compliqué.
Xavier parle d’une lecture simultanée des deux supports, si les clips du cd-rom étaient accessibles sans passer par son interface (peut-être est-ce le cas, je ne suis pas allé explorer les dossiers) je pourrais éventuellement lancer la lecture de l’ensemble sur un lecteur conventionnel. L’idée ne m’était pas venue à l’esprit de consulter le tout simultanément, le format du livre m’est d’emblée apparu trop imposant pour être lu devant l’ordinateur. J’apprécie d’en lire un ou deux chapitres tranquilement de temps en temps, mais je n’arriverais pas à faire plus que le feuilleter curieusement lors de l’ouverture du cd-rom.
En définitive l’objet me plait, mais il me semble manquer d’audace, peut-être simplement par manque de temps et de moyens : l’ensemble a déjà du représenter un travail colossal. J’espère découvrir de prochaines productions du Studio du Futur, je ne doute pas que partant des premières expériences la fine équipe ne parvienne à des résultats qui me combleront totalement. Pour l’heure ma (petite) déception tient au fait que l’ambiance générale de Mekamemories m’a rendu exigeant sur sa forme, ce qui est plutôt bon signe 🙂
Xavier Malbreil le 30/09/2004 à 11:26
A propos de la lecture des fichiers vidéos
C’est quelque chose dont j’avais parlé avec Marco, d’ailleurs, et c’est intéressant que tu fasses la même réflexion. Moi aussi j’aurais préféré que l’interface du CD-Rom donne la possibilité de lancer une lecture full-full. Pour l’heure, il faut cliquer sur le menu pour avancer dans l’exploration des séquences. En fait, j’avais suggéré à Marco que le mieux aurait été que son CD soit lisible sur un lecteur DVD de salon, et que l’image apparaisse en même temps sur le moniteur du home-cinéma : c’est pour moi l’avenir de ce type de réalisation. Quant à ta comparaison avec le jeu in-mémoriam, je ne sais pas si c’était dans l’optique de Marco et associés que de faire un simili-jeu. Etant donné que à la fois Marco et Sylvain Dousset sont des game-designers professionnels, ils ont certainement dû évoquer cette hypothèse.
JiF le 30/09/2004 à 11:46
A propos du choix de support
Je ne suis pas très partisan des plans sur la comète sur l’avenir des réalisations numériques. Le DVD de salon est un support sympathique parce qu’il permet de se poser dans le canapé et de regarder sans trop se fatiguer. D’un autre côté si l’auteur veut faire agir son spectateur, le support « jeu vidéo’ (c’est à dire destiné à l’ordinateur) reste le plus porteur et le plus efficace.
A propos d’un contenu vidéo-ludique
Je défends l’idée qu’on peut raconter avec les vides sur lesquels on laisse le spectateur agir tout comme un auteur de BD raconte avec les vides entre les cases. Autrement dit que faire jouer le spectateur est un acte tout aussi narratif que lui mâcher le boulot… Et peut-être même plus parce qu’ainsi c’est lui même qui construit les éléments qu’on le pousse à construire. Du coup je suis toujours un peu déçu quand je retrouve des objets moins immersifs alors qu’ils laissaient penser qu’ils pourraient l’être. In Memoriam est à mes yeux plus un récit qu’un jeu, le « jeu vidéo » n’est que le format de sa viabilité économique (et il paraît qu’elle n’a pas été aussi bonne qu’elle le méritait malheureusement).
Quoiqu’il en soit c’est très bien qu’on s’interroge, je poserai les questions dans l’interview comme ça les auteurs pourront expliquer leurs intentions !