L’univers d’Auguste Valcrofte était mon projet de fin d’année de Beaux-Arts (en 1990), histoire de me concentrer sur mon travail personnel avec un bon prétexte.
Comme j’ai toujours été dubitatif devant les scénarios qu’on m’a proposé, j’ai décidé tant bien que mal d’en écrire l’histoire moi-même. En fait, je ne sais plus très bien comment m’est venue l’idée du peintre, de l’écrivain et de leurs motivations. Je me demande même comment j’ai pu penser à ça à cette époque. Toujours est-il, que même actuellement, ce sont toujours des questions que je me pose. Il m’arrive d’exposer des toiles, mais je refuse toujours de les vendre… C’est plutôt difficile de concilier une démarche créative et le besoin de gagner sa vie. Le second l’emporte toujours sur la première en imposant des concessions.
Je me suis aussi beaucoup inspiré de Lovecraft, qui a passé sa vie à écrire de magnifiques romans, qui sont maintenant diffusés mondialement, et ce, sans jamais sortir de son petit patelin à Providence. D’où l’anagramme Valcrofte.
A cette époque, je dessinais toujours à la plume avec pleins de hachures, de clairs obscurs. Mais j’étais aussi admiratif devant les sérigraphies de BD à la ligne claire. J’ai opté pour cette technique, ne sachant pas si par la suite j’allais coloriser ou non les planches. Finalement, elles sont restées telles quelles.
J’ai acheté mon premier Mac en sortant des Beaux-Arts, avec l’idée de travailler sur la BD et la couleur. En fait, il était loin d’être aussi commode que les machines actuelles. Je me suis contenté de travailler dans la pub, laissant tomber BD et illustration. Ces planches sont restées pendant 10 ans dans mes cartons. C’est en travaillant sur mon site que j’ai songé à les mettre en ligne. En ajoutant la couleur cette fois-ci, comme le support le permet aisément sans détériorer les originaux. Je me suis basé sur les essais que j’avais réalisé sur 4 ou 5 planches à la gouache, juste après sa réalisation. Les couleurs en ligne sont donc bien celle que j’avais choisies 10 ans auparavant, pour donner plus de pimpant et de légèreté à ces pages.
J’ai séparé toutes les cases, la lecture en planche n’ayant pas vraiment lieu d’être sur Internet, et permet un chargement des images plus fluide. J’ai cependant conservé les cadrages et les proportions, cela apportant moins de monotonie dans la lecture, avec des petites surprises visuelles.
C’est seulement après cette diffusion, en 1999, que Loïc Dauvillier, qui a fondé les Editions Charrette avec Pascal Rabate et David Prudhomm à Beauvais, m’a contacté pour me proposer d’éditer ces planches dans leur superbe collection, qu’ils dirigent bénévolement, en plus de leurs boulots respectifs. Valcrofte se retrouve à nouveau en noir et blanc, cette fois-ci, magnifiquement relié avec une couverture rouge et distribué dans quelques bonnes librairies.