Le DRM n’est peut-être pas aussi diabolique qu’on le clame souvent, le P2P peut peut-être concilier les anciens modèles et les nouveaux modèles. C’est cela qu’il faudrait défendre, au lieu de contester aveuglément et en bloc chaque proposition. Il faut proposer des alternatives et laisser le public choisir, au lieu de chercher à imposer un nouveau modèle aussi fascinant soit-il. Des solutions existent déjà : un DRM, Weed, permet l’existence du P2P nouvelle génération… Alors pourquoi légiférer ?

Le DRM Weed permet déjà d’envisager le P2P seconde génération, n’est-ce pas aux industriels de défendre ce type de solution au lieu de promouvoir l’idée que le téléchargement légal serait forcément payant et protégé par la répression ?

Pour ou contre le DRM ? Là n’est pas la question, c’est ce que défend Cyril Fievet sur InernetActu. Rappelons qu’un DRM est un moyen technique de gérer ce que l’on put faire ou non avec un fichier numérique représentant une oeuvre assujettie au droit d’auteur. Si j’ai dénoncé comme bien d’autres le projet de loi Davdsi qui devrait revenir à la charge début février, ce n’est pas par opposition unilatérale aux DRM ni parceque j’estime parfaite la situation actuelle. Je préfère le signaler avant que l’on ne me fasse le procès de suivre bêtement le mouvement contestataire (lire les commentaires).

Huber Guillaud, toujours sur InternetActu, expliquait récemment comment le P2P (peer to peer) allait peut-être évoluer vers une forme nouvelle. Voilà qui éclaire bien le propos de Cyril Fievet : la proposition de loi est scandaleuse pour les internautes, tout comme il est scandaleux pour l’industrie du disque submergée par les nouveaux modèles de constater que tant de gens téléchargent des oeuvres a priori protégées par le droit d’auteur.

  • S’il est faux et aberrant de parler de « téléchargement illégal », comme si le consommateur avait toujours la garantie que ce qu’il enregistre sur quelque média que ce soit y est retransmis légalement.
  • Il est tout aussi aberrant de trouver normal que l’on télécharge consciemment des oeuvres dont ont sait qu’elles ne sont pas proposées légalement sur un média quel qu’il soit.

Pourtant le téléchargement « illégal » aura appris une chose : le consommateur ne veut plus payer avant de voir, il veut savoir à quoi s’attendre, juger avant d’acheter, soutenir la création qui l’a convaincu et pas celle qui l’a entubé.

Il faut aussi apprendre que téléchargement « légal » n’est pas synonyme de téléchargement payant : il est honteux de constater que toutes les campagnes récentes s’efforcent d’inscrire dans nos esprits que télécharger légalement c’est payer avant.

C’est une autre aberration des industries en place qui ne perçoivent pas du tout l’immense potentiel marketting que représente la diffusion libre et gratuite de certaines oeuvres pour faire découvrir des artistes. Ou plutôt si, elles le comprennent sans doute très bien et s’en inquiètent, car les « artistes » qu’elles représentent les font vivre du produit dérivé,

  • ils ne sont plus des artistes du spectacle,
  • mais seulement des artistes du disque : la scène est la promotion, le CD est le produit

Tandis que le nouveau modèle propagé par Internet encourage

  • la reproduction de l’oeuvre comme promotion de la scène dans un premier temps
  • et comme produit dérivé de cette dernière dans un second temps.

Les deux modèles pourraient peut-être cohabiter dans le cadre d’un P2P de nouvelle génération,

  • respectueux des droits des industries lorsqu’ils existent,
  • mais aussi ouverts aux licences libres.

Imaginons un P2P qui permettrait à la fois :

  • de télécharger une oeuvre ou un programme protégé après s’être acquité des droits, et d’en recevoir une infime partie lorsqu’on participe à sa diffusion par ce moyen légal en la proposant au téléchargement. Si j’offre un fichier payant au téléchargement, je reçois en échange des crédits pour en télécharger à mon tour : cela m’encourage d’une part à télécharger le fichiers mis en ligne légalement, et d’autre part à participer à leurs diffusion au lieu de les conserver pour moi.
  • de télécharger une oeuvre ou un programme en licence libre sans crainte, et de participer à sa diffusion libre et gratuite en la proposant au téléchargement.

Un DRM existe déjà, qui permet ce type d’usages : Weedshare. Son seul défaut et d’imposer le format propriétaire windowsmedia… D’un autre côté, il semble normal que le modèle propriétaire se base sur un format propriétaire. Les deux mondes peuvent cohabiter.

Non à la loi Davdsi,

  • que les industriels se penchent sur les DRM de type Weed,
  • qu’ils les défendent au lieu de défendre des DRM au fonctionnement scandaleux,
  • que les deux modèles se rencontrent dans l’arène du P2P et que le meilleur gagne…

Ou plutôt que chacun cohabite avec l’autre en bonne intelligence.