Vendredi 23 octobre 2020 à l’Université Paris 8, dans le cadre du séminaire ArTeC « Dé-brancher l’œuvre. Produire, publier et diffuser, à l’ère post-numérique » , je retrace le parcours qui m’a mené d’une thèse consacrée à l’innovation narrative jusqu’à l’invention de needle et de la navigation contributive.
Portée par la ComUE Université Paris Lumières, l’École Universitaire de Recherche (EUR) ArTeC a pour fonction de promouvoir et d’articuler des projets de recherche et des dispositifs de formation (à partir du niveau master) relatifs aux Arts, Technologies, numérique, médiations humaines et Création.
Résumé de mon intervention
Des auteurs et des lecteurs de récits numériques héritiers de la bande dessinée ont contribué à élucider le processus d’innovation narrative. Il n’y a pas d’innovation sans sources d’inspiration partagées entre auteurs et publics. Mais l’innovation ne s’installe que si elle bénéficie de conditions économiques favorables. Or, l’expression individuelle peine à porter face aux industries qui disposent des moyens nécessaires pour de vastes projets transmédia. En outre, les grandes plateformes modèlent un environnement numérique hostile aux pollinisateurs de nos imaginaires que sont les auteurs, artistes ou journalistes.Comment innover si nos sources d’inspiration se bornent à ce que nous pensons à chercher sur Google et à ce que nos « amis » partagent sur Facebook, Twitter ou Snapchat ? Et pourtant. Il arrive que l’on trouve une aiguille dans la grande meule de foin du web. Il arrive qu’une page web nous inspire… Fondé sur le concept de croisement en résonance, le projet needle s’incarne dans un outil de navigation contributive. Développé sous l’angle de la recherche-action, needle met la critique à l’épreuve de l’expérience en explorant des modalités alternatives d’accès et de partage des contenus, des informations, des créations et des idées. Ce faisant, le projet éprouve les entraves concrètes à l’émergence d’un web plus humain.
A propos du séminaire Dé-brancher l’œuvre. Produire, publier et diffuser, à l’ère post-numérique
En marge du marché de la littérature et de l’art, des amateur.e.s, auteur.e.s, et artistes expérimentent depuis plus de soixante ans avec les technologies informatiques et se sont, surtout au début, souvent réclamés d’une démarche libérée des contraintes imposées par les industries culturelles. En passant en revue l’histoire des arts, on constate que chaque changement de dispositif s’est ainsi accompagné de l’espoir que l’œuvre s’affranchira des structures de domination qui pèsent sur lui. Pourtant, la rencontre de la littérature avec l’informatique a amené d’autres formes de contraintes, et engendré de nouveaux rapports de domination. Les arts littéraires informatiques sont aujourd’hui résolument des arts du dispositif « numérique », structuré par de multiples enjeux économiques et politiques, liés notamment au développement des plateformes numériques. L’œuvre ne peut sans doute y échapper… à moins que les artistes créent des ZAD situés à l’extérieur du système gouverné par l’industrie du numérique. Dans ce séminaire, nous échangerons avec des invités éditeurs, chercheurs, artistes, auteurs, autour des rapports d’acceptation tacite, de connivence assumée, de bricolage tactique, et de minage stratégique que l’œuvre peut engager avec son dispositif de production et de diffusion numérique. Nous parlerons d’édition numérique, de plateformes d’écriture littéraire, de romance en ligne et analyserons des œuvres (romans, bandes dessinées) qui se déploient sur Facebook et Instagram.