Une interview publiée il y a quelques années dans feu l’Echo du Village. Bull est un lecteur de BD passionné au point de donner corps à ses héros favoris.
Salut Bull ! Et d’ailleurs pourquoi « Bull » ?
J’étais gamin et c’est un camarade de classe qui m’a baptisé de ce surnom ridicule : Bubull. C’est le nom d’un perroquet que l’on retrouve dans une BD. Les années ont passé et mes amis ont continué à me torturer en m’appelant Bull. (rire).. Maintenant, il m’arrive d’être surpris lorsque l’on m’appelle par mon prénom.
La sculpture a failli être ton métier…
Ou plutôt l’ébénisterie. En cours, on nous faisait apprécier ce métier. Dans la vie active c’était complètement différent. On m’a appris à me contenter de peu et l’on faisait rarement ce que l’on avait envie de faire. Je ne voulais pas m’enfermer dans « un travail à la chaîne ». Heureusement, j’avais l’informatique en loisir, cela m’a permis de trouver un boulot dans l’imprimerie en faisant de la retouche d’image sur photoshop. Donc un renversement de situation, l’informatique au boulot et la sculpture en loisir.
Tu conjugues tes deux passions, la bande dessinée et la sculpture. Que lis-tu ?
J’aurais aimé me lancer dans la BD. Mais je laisse ça à ceux qui en ont réellement le talent. J’ai découvert véritablement la sculpture depuis peu et ça n’a fait qu’accroître mon attirance vers cet univers. Je suis un artisan passionné.
Que sculptes-tu ?
je pense que je vais rester dans la BD. J’ai découvert un domaine dans lequel je me sens à l’aise. Quelle émotion que de pouvoir réaliser les personnages qui vous font rêver. Je crois que j’aurais beaucoup de mal à trouver autant de créativité dans un autre domaine. J’ai beaucoup d’ambitions mais il me faudra être patient.
Comment choisis-tu la pose de tes créations ?
Tout dépend du personnage et de la BD. Je travaille généralement avec le dessinateur. Il me propose plusieurs postures et on les étudie ensemble. Il y a des positions difficilement réalisables à cause de problèmes d’équilibre ou alors celles d’un personnage en lévitation.(rire). pour ma part, je préfère une posture simple. Je pense que le personnage suffit à lui-même. Par contre, je suis friand de détails.
J’imagine que donner une troisième dimension à un personnage de papier te conduit à découvrir des choses auxquelles un autre lecteur n’aurait pas fait attention…
Oui, le monstrueux travail qui se cache derrière ce dessin. Lorsque l’on est plongé dans la lecture d’une BD, je ne crois pas que l’on fasse vraiment attention à tous ces détails. J’ai la chance de travailler en collaboration avec les dessinateurs et c’est l’un des nombreux avantages. En ce moment je travaille sur un des personnages de la BD Magellan de Slyfox. Le dessinateur a dessiné le costume uniquement pour l’occasion et je vous avouerais que c’est un régal dans la diversité des détails.
Tu as interviewé sur ton site nombre d’auteurs de bande dessinée, généralement de jeunes amateurs très présents sur le net…
Ils sont géniaux. J’ai un emploi du temps très chargé. Je travaille toujours dans l’imprimerie, je vois rarement mes amis et ma famille car je passe la majeure partie de mon temps libre dans la sculpture. J’arrive à garder les pieds sur terre en faisant souvent des poses sur la toile et en allant voir la progression des dessinateurs. Cela m’a permis de faire pas mal de connaissances. Dernièrement j’ai découvert une jeune dessinatrice qui va réaliser une BD de deux ou trois planches sur un scénario que nous allons travailler ensemble. J’aurais le privilège de sculpter un de ses personnages et on pourra voir la BD sur mon site. De plus, c’est une dessinatrice qui gagne à être connue. Que d’éloges Mademoiselle mais c’est mérité…Heu pardon.
Quelle est ta position vis à vis de ceux qui te fournissent tes modèles ?
Je ne mêle pas l’argent avec ma passion. Cela ne fait que depuis 6 mois que je sculpte et j’ai passé énormément de temps à bâtir mon site. Etant donné mon manque d’expérience, j’ai décidé, cette année, d’être plus productif en réalisant une sculpture par mois et en ne faisant qu’une mise à jour de mon site sur l’évolution de mes travaux. Bien sûr, il y aura toujours une place pour ma rubrique dessinateur dans l’ombre et c’est important pour moi. A la fin de l’année je ferai le point, mais il me faudra au moins encore deux ans d’expérience avant d’avoir appris toutes les ficelles du métier.
J’imagine que tu as déjà réalisé certaines pièces d’après des croquis de ton propre cru…
Oui, bien sûr. Lorsque je travaillais l’argile. J’ai réalisé une série de fées et de vampires. Puis, j’ai eu mon premier coup de cur avec la série « la quête de l’oiseau du temps » de Régis Loisel et Pelisse qui a été l’objet de ma première sculpture sur le thème de la BD. Je me suis vite rendu compte que j’avais beaucoup plus d’inspiration en sculptant les personnages qui m’ont marqué et qui ont une forte personnalité. Je crois que si je voulais créer mes propres personnages, il faudrait avant tout que je réalise une BD afin de leur donner, dans un premier temps, une personnalité et du charisme. Mais ce ne serait envisageable qu’à partir du moment où la sculpture ne me prendrait pas 200% de mon temps libre.
Tu organises un concours en vue de donner corps au personnage proposé par un participant.
Pendant mes poses, j’ai largement eu le temps d’apprécier tous ces dessinateurs, et, cette année, j’ai eu envie de regrouper toutes mes passions. Le concours est ouvert a tous.
Merci Bull, un dernier mot peut-être ?
Je me remets souvent en question sur ce que je fais, ce qui fait que je deviens de plus en plus exigeant et je suis impatient de voir ou j’en serai dans deux ans. Pour l’instant j’apprends, je découvre et c’est merveilleux. je n’échangerai ma place pour rien au monde.