C’est en tous cas une question à l’étude d’après le comics reporter. Bien que rien ne soit encore gagné, c’est un signe de plus que le marché américain montre une ouverture très large aux webcomics. On commençait à s’en douter, puisque de plus en plus d’auteurs anglosaxons vivent de leur oeuvre en ligne. Et que des auteurs du support papier se tournent de manière complémentaire vers Internet pour avoir plus de libertés de création.

Cette situation particulière est en grande partie due au statut du comics papier aux yeux du public : puéril, cloisonné, … Le public anglosaxon boude sa production papier parce qu’elle campe sur un segment miniscule : le jeune ado. C’est donc tout à fait différent de ce que l’on observe en France où la bande dessinée ne s’est jamais aussi bien portée tant en terme commercial qu’en termes créatifs et de reconnaissance du public… Mais où la production en ligne reste confinée à l’amateurisme (sans jugement de valeur aucun).

Paradoxalement donc, c’est la mauvaise santé du comics qui serait à l’origine de l’explosition du webcomics… Et la bonne santé de la BD sous nos latitudes qui empêcherait l’émergence d’une production en ligne professionnelle.

On constate par contre des critères d’éligibilité un peu obtus pour ce prix du webcomics. La part de son et d’animation doit être minime pour que l’oeuvre soit acceptée à concourir. C’est également une confirmation que le public anglosaxon perpétue des clivages très nets entre ce qui relève de la bande dessinée et ce qui relève de l’animation. L’essentiel n’est-il pas pourtant de raconter des histoires sous la forme la plus adéquate à ce qu’on imagine ? Pourquoi la bande dessinée devrait-elle être un genre au sein de la production en ligne, elle qui a tant lutté pour ne plus être un genre au sein de la littérature ?