Plusieurs milliers de lecteurs se connectent quotidiennement à son blog dessiné pour suivre les planches des aventures de Frantico, le graphiste loser sans cesse en quête d’une nouvelle partenaire sexuelle.
Après les Beaux Arts, tu as travaillé avec une web agency et tu es maintenant graphiste freelance. Et la BD dans tout ça ?
Comme beaucoup de personnes dans ce milieu, ou dans le dessin animé, on a toujours l’intention de faire des projets personnels et de la bd. Mais il faut prendre le temps et trouver l’énergie. C’est pas toujours facile. Et puis il faut qu’il y ait une adéquation avec un lectorat. Je ne pensais pas une seconde à faire mouche avec ce blog. Je voulais juste l’utiliser comme un moteur pour après faire d’autres choses.
Ton expérience en webagency t’a-t-elle apporté des idées, des envies qui auraient influencé la façon dont tu as conçu ton blog ?
La simplicité et la sobriété. : )
Les blogs dessinés fleurissent ces derniers temps, le tiens est un peu hors normes puisqu’il n’utilise pas vraiment un outil de blog classique : tu publies des planches datées et permet simplement aux lecteurs de les commenter. Pourquoi ces choix ?
J’ai commencé à m’inscrire sur 20six, mais mes pages étaient trop lourdes pour que la plateforme puisse accueillir mon projet. Alors j’ai demandé à Kek de m’accueillir et on a mis au point une formule super sobre. Pas pour se différencier, mais surtout pour ne pas se faire trop chier. Il y en a qui a découvert la pénicilline comme ça, par hasard.
Peux tu nous dire de quelle manière tu mêles réalité et fiction dans ce récit ?
J’ai des carnets qui remontent aux Beaux Arts et un peu après. J’avais noté tout ce qui m’arrivait. J’ai essayé à ce moment de faire de la BD autobio mais je sentais que je n’y arrivais pas. J’ai essayé de faire d’autres choses, mais déjà, il y avait l’influence Trondheim . On me l’avait dit et j’avais laissé tomber. Et puis là, en quittant ma web agency, j’ai remis le nez là-dedans et l’idée de mixer le passé et le présent a germé. En gros, s’il ne se passe rien de précis un jour, je pioche dans les souvenirs. C’est pour ça qu’il y a toujours quelque chose qui arrive. Beaucoup disent que ça fait encore Trondheim mais j’essaye de m’en foutre sinon j’avancerai pas.
Alors comme ça tu n’es pas vraiment le Frantico du blog ? Ce choix te permet de concentrer plus de choses dans chaque planche et d’éviter de trop faire du journal intime comme le font la plupart des bloggeurs…
Exactement. C’est la faiblesse des blogs trop proches du réel que de le rester. Mais je suis forcément une bonne part du Frantico du blog. Il y a des choses qu’on n’invente pas.
Graphiquement tu choisis pour chaque planche une certaine harmonie colorée, et les nuances par tramage te permettent bien souvent de délimiter les cases sans les encadrer…
C’est le système le plus rapide que j’ai trouvé. Comme je ne fais pas que ça, il faut parvenir à gérer le temps que je peux consacrer au blog (surtout que pour l’instant, il ne m’a pas rapporté un centime).
Savais tu que « frantico » est devenu un mot-clé très recherché sur Google ? Grâce à lui, il y a presque autant de gens qui aboutissent sur la fiche de ton blog sur Abdel-INN en cherchant « frantico » que de gens qui arrivent sur Abdel-INN en cherchant « bd en ligne » ! Mais plus intéressant, c’est que tu as reçu des propositions d’éditeur et auteurs reconnus… Tu ne t’attendais pas à un tel succès ?
Franchement non. Comme je le disais, c’était plus un laboratoire qu’autre chose, ce blog. Il suffit de voir l’évolution graphique pour s’en convaincre. Mais comme il s’en dégage une sincérité qui n’était pas présente dans mes précédents travaux et projets, ça a accroché. Et sans dout le côté sexe et voyeur n’y est pas pour peu.
Qu’est ce que représente pour toi le support papier par rapport à Internet ?
Enfin entrer dans le vrai monde des auteurs de bd. Pas virtuel.
Crois tu que l’édition en ligne puisse être une finalité et pas seulement le moyen d’être repéré par les éditeurs traditionnels ?
Je ne sais pas. Il faudrait alors mettre de la pub, trouver des sponsors ou je ne sais pas quoi… En tout cas, il y a une supériorité évidente par rapport au fanzinat. Moins cher, plus rapide.