Dans le troisième volet de son dossier consacré à la situation de la BD numérique en France, ActuaBD décrypte les questions qui animent les auteurs signataires de l’appel du numérique. Ce qui transparait sans jamais être nommé, c’est la perte de confiance des auteurs de bande dessinée envers leurs éditeurs. En filigrane se pose la question de la compétence des éditeurs de BD en matière de supports numériques.

Didier Pasamonik pose l’axiome selon lequel un éditeur est garant de la cohérence dans l’exploitation de l’oeuvre. Tout le reste s’appuie sur cet axiome : de l’acceptation de cessions de droit 70 ans après la mort de l’auteur jusqu’à l’extravagance des exigences du SNAC en termes de rémunération sur l’exploitation numérique. Or, si le SNAC exige avant tout une concertation entre auteurs et éditeurs, c’est parce que les auteurs n’ont plus confiance dans la capacité des éditeurs à exploiter l’oeuvre de manière cohérente sur le support numérique. Pour reprendre les mots de Didier Pasamonik : on les comprends.

Comme lui, on peut déplorer ballet de juristes et autres experts venus faire la roue et l’étalage de leurs compétences supposées, en l’absence des éditeurs, lors de la journée professionnelle qui a eu lieu à la Cité des Sciences en novembre dernier. Comment les auteurs peuvent-ils garder confiance en leurs éditeurs lorsqu’ils abandonnent le terrain à de nouveaux acteurs ? Comment ne pas en déduire que les éditeurs n’ont pas les compétences pour exploiter les oeuvres de manière cohérente sur le support numérique ?

La seule manière de rétablir la confiance et de sortir de l’ornière consiste pour les éditeurs à s’associer les compétences qui leur font défaut. Il ne s’agit pas seulement de savoir accompagner les auteurs dans leurs projets numériques, ou de repenser les contrats de cession de droits. Il s’agit d’élaborer des modèles économiques convaincants. Les auteurs ont toutes les raisons d’être inquiets lorsque la principale offre commerciale en matière de BD numérique tourne en rond autour du modèle de la vente au détail de produit virtuel. Les Autres Gens est l’initiative professionnelle la plus probante en matière de BD numérique française, avec 5000 abonnés gratuits en 1 mois seulement dont 15% d’abonnés payants le mois suivant. On doit cette initiative à des auteurs…